dégrader [1]
vt (dé-gra-dé)
- 1Dépouiller quelqu'un de son grade, de sa dignité, de son emploi, etc. Dégrader un militaire, un magistrat.
La cour l'a dépouillé et dégradé
. [Patru, Plaidoyer 7, dans RICHELET]Et [elle] vous dégraderait peut-être dès demain Du titre glorieux de citoyen romain
. [Corneille, Nicomède]Le lieutenant du roi et le major de la place de Brisach furent dégradés des armes
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Quelle hauteur dans ces fiers républicains, qui dégradent ainsi sur-le-champ un roi malheureux !
[Rollin, Histoire ancienne]Par extension.
Dégrader les héros pour te mettre en leurs places
. [Boileau, Satires]Il n'est plus saint, M. Jurieu l'a dégradé
. [Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes]C'est Dieu seul qui fait régner les rois, qui les place sur le trône ou qui les en dégrade
. [Massillon, Myst. Soum.]En dégradant [faisant descendre] ceux qui étaient au haut de la roue [de la fortune]
. [Massillon, Av. Bonh.] - 2 Fig. Rendre vil, méprisable. La flatterie dégrade le prince et les flatteurs.
Ils nous obligent à dégrader votre parole à des détails rampants
. [Massillon, Car. Jeûne.]Ce n'est pas un éloge de bienséance ; à Dieu ne plaise que je dégrade ainsi mon ministère !
[Massillon, Panég. Villeroy.]Le joug s'est appesanti depuis, et l'espèce humaine a été de plus en plus dégradée
. [Raynal, Histoire philosophique et politiques des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes]Absolument.
La passion de conserver une première place fait prendre des précautions qui dégradent
. [Fontenelle, Varignon.] - 3Détériorer, endommager. Les longues pluies ont dégradé les chemins.
Des palais superbes que le temps va dégrader et détruire
. [Massillon, Paraphr. ps. XVIII] - 4 Terme de maçon. Abattre par le pied. Dégrader une muraille.
- 5 Terme de marine. Ôter les agrès d'un vaisseau devenu inutile.
- 6 vi Terme de marine. Un navire est dégradé quand le vent, les courants ou une mauvaise manoeuvre l'ont entraîné sous le vent de sa route et éloigné du but où il tendait.
- 7Se dégrader, vpron s'avilir. Il croirait se dégrader en fréquentant une telle société.
Nos titres sont trop beaux, ne nous dégradons point
. [Tristan, La Mort de Chrispe ou Les Malheurs domestiques du Grand Constantin]Un gentilhomme sans coeur se dégrade lui-même
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Je me dégradais jusques à me rendre semblable aux bêtes
. [Bourdaloue, Purific. de la Vierge, myst.]Tremblons quand ils [les grands] nous comblent de leurs bienfaits ; plus ils nous élèvent, plus nous devons craindre que nous ne nous soyons dégradés nous-mêmes
. [Massillon, Confér. Zèle contre les scand.]Se détériorer. Les peintures se dégradent promptement à l'air.
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